L'aventure
du CHAT NOIR, commencée au lendemain de l'amnistie des Communards en 1879,
s'achève quand débute l'affaire Dreyfus en 1896. Montmartre
Pigalle fin de siècle, c'est le quartier branché d'une société
en crise qui cherche des dérivatifs à ses angoissantes contradictions. Revue
parlée, chantée, cabaret humoriste, tréteau bohème, UN
COUP D'AILE DANS L'BLEU a
été conçu comme un dyptique fortement contrasté. Après
une parade chantée en guise d'ouverture, le premier volet du spectacle
évoque le monde fracturé des Pierreuses & des Apaches. Les
voix de la rue orchestrées par les poètes font entendre le désespoir,
la rage, l'ironie sans concession des laissés-pour-compte. C'est
le peuple souvent misérable des chansons d'Aristide Bruant, des Soliloques
du pauvre de Jehan Rictus... Ici,
l'argot du Faubourg parisien inspire la plume des auteurs-compositeurs montmartrois. Entre
asile de nuit & panier à salade, c'est la Ronde des nocturnes... Quelques
mesures d'un réjouissant can-can font transition avec le second volet du
spectacle. Crinolines,
aigrettes, gorges poudrées, redingotes & bottines parent alors de frivolité
dandys d'alcove & divas du caf' conç. C'est
la vitrine des séductions où pétillent les illusions : paradis
artificiels & lunes de carton-pâte. On
y est presque lyrique avec Offenbach, résolument névrotique avec
les Chansons Cruelles, provocant comme Oscar Wilde et toujours d'une irrésistible
ironie sous la houlette d'Alphonse Allais. UN
COUP D'AILE DANS L'BLEU rend
un ludique hommage aux Zutistes, Fumistes, Hydropathes & autres Décadents
: poètes et musiciens qui inventèrent le Cabaret en bouleversant
la hiérarchie des genres. |